lundi 11 juin 2012

Enseignement supérieur:Des mesures pour relancer l’université

Le rêve de 10 000 ingénieurs par an pris en otage par la crise.Lahcen Daoudi veut prendre le taureau par les cornes. Le ministre de l’Enseignement supérieur s’attaque aux maux de l’université pour lui rendre la place qui lui échoit.

475 907 étudiants sont inscrits dans 361 établissements.


Au conseil de gouvernement de jeudi dernier, il a formulé des propositions visant à relancer l’université marocaine. Objectif, comme il n’a eu de cesse de le répéter depuis qu’il est aux commandes, accroître la capacité des lauréats de l’enseignement supérieur à intégrer le marché du travail. Depuis belles lurettes, on n’arrêtait d’incriminer cette incohérence entre les diplômes et l’entreprise. Résultat, des milliers de lauréats porteurs de diplômes battent le pavé devant le Parlement pour avoir un emploi dans l’administration.

La plupart sont convaincus que leurs formations sont peu ou prou compatibles avec les besoins du privé. Par ses sorties fracassantes contre la gabegie réelle ou présumée dont souffrait son département, Daoudi a voulu donner la mesure des changements à apporter notamment en matière de gouvernance du secteur. Il opte désormais pour un système, qu’il qualifie de dynamique, de recherche scientifique. Il veut améliorer les prestations sociales destinées aux étudiants, réviser l’arsenal juridique du secteur et renforcer la coopération internationale.


Chiffres à l’appui, le ministre a dressé un tableau assez représentatif de son département. Sur la base des statistiques de l’année universitaire 2010-2011, il a indiqué que 475 907 étudiants sont inscrits dans 361 établissements. Et ce, sous la supervision de 13 543 professeurs permanents, alors que le nombre des lauréats des universités s’établit à 40 000. Quant à l’enseignement supérieur privé, Daoudi a souligné que 35 648 étudiants y sont inscrits, toutes branches confondues. Le nombre des instituts de l’enseignement privé s’élève à 1 117, avec une prédominance à hauteur de 73% des études en gestion, du commerce et de la communication. Sujet ayant fait couler beaucoup d’encre, la formation des ingénieurs mérite encore d’être revisitée. Justement, le ministre a fait part d’une offre limitée en comparaison avec les véritables besoins. Il a précisé qu’au titre de l’année universitaire 2011-2012, 40 000 candidats ont été recensés contre 2 000 places vacantes. Voilà qui remet en question toute la stratégie, en son temps ambitieuse, et qui consiste à former 10 000 ingénieurs par an pour les besoins de la croissance au Maroc.
Toutefois, Daoudi n’a pas trouvé le Saint-Graal. Avant lui, les mêmes objectifs ont été exprimés lors de la signature en octobre 2009 du contrat Etat-universités pour la mise en œuvre du programme d’urgence 2009-2012. Mais depuis, rien ou presque n’a changé. Le gap qui sépare la volonté de l’action est toujours aussi béant dans un secteur censé accompagner les grands chantiers du pays.
Formation

La différence est que l’actuel ministre n’essaie pas de cacher les maux qui taraudent un secteur sensible. Il y a deux mois, Daoudi a pointé du doigt, par le biais d’une note, le non-respect par certains établissements de l’enseignement supérieur privé des dispositions des autorisations qui leur sont délivrées. Certaines écoles font la promotion de diplômes dans des spécialités auxquelles elles ne doivent pas avoir accès selon les termes de l’autorisation. Cela est valable aussi pour les établissements qui proposent des diplômes étrangers dans le cadre du transfert.

Une autre circulaire a été, cette fois-ci, envoyée aux présidents des universités le 10 avril dernier. Elle met les points sur les i en ce qui concerne les critères d’accès aux formations par les fonctionnaires qui veulent poursuivre leurs études, notamment en master et master spécialisé. Le ministère a mis principalement l’accent sur l’obligation d’assiduité au cours. Chose qu’un fonctionnaire ne peut respecter au risque d’empiéter sur ses obligations professionnelles.
Objectifs des contrats Etat-universités

Les contrats Etat-universités visent, entre autres, l’orientation des étudiants vers les formations scientifiques, techniques et professionnalisantes. Il s’agit de doubler ou tripler à terme les effectifs des nouveaux inscrits dans les établissements à accès régulé. Dans les établissements à accès ouvert, la finalité est d’orienter 25% des étudiants vers les licences professionnelles (LP) et 50% vers les masters spécialisés (MS). Les contrats ambitionnent également d’améliorer le rendement interne et externe du système en augmentant le taux de diplomation de 45 à 69% et le taux d’insertion de 26 à 58% et en octroyant un prix d’excellence à 1% des étudiants chaque année. On cite aussi parmi les objectifs, le développement de la recherche appliquée menée avec les entreprises pour atteindre 1 700 projets par an et l’augmentation du nombre de thèses de doctorat soutenues (de 820 à 2 300 par an).

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